Marie-Mai peut enfin savourer son nouveau bonheur. Après une année où elle a connu des hauts et des bas — de sa rupture largement médiatisée à sa grossesse, en passant par sa nouvelle relation amoureuse avec le directeur musical David Laflèche —, elle n’a qu’une envie: celle d’aller de l’avant. Et de se «redéfinir», comme elle le dira à quelques reprises au cours de notre entretien, arrosé au San Pellegrino dans un salon cosy du Vieux-Montréal. Rayonnante avec son ventre arrondi, l’auteure-compositrice, coach de La Voix Junior et grande gagnante du Gala de l’ADISQ, s’avoue moins dévorée qu’avant par le désir de briller et de conquérir les foules. La maternité l’apaise et l’adoucit. La femme triomphe tranquillement sur l’artiste. «Après avoir eu de grandes aspirations professionnelles, mes rêves sont désormais plus simples et très près de moi», confie-t-elle posément, tout en étalant du caviar d’aubergine sur un morceau de pain pita grillé. Sans bijou ni maquillage, une tuque à pompon beige enfoncée sur sa longue chevelure blonde, vêtue d’une marinière toute simple et d’un jean de maternité, Marie-Mai a l’air d’une future maman comme les autres. Et cela la ravit: «La star glamour, toujours en représentation, est très loin de celle que je suis au quotidien!» Plus tard dans l’entrevue, elle m’avouera candidement que, malgré sa «grande ouverture, on ne [la] connaît pas vraiment». J’ai entrevu, dans cette confidence, un désir naissant d’aller au-delà de l’authenticité dont elle joue la carte en public, au profit d’une réelle sincérité. Ses propos, captés à moins de trois mois de l’arrivée de son premier enfant, en témoignent.

Depuis notre rencontre l’an dernier pour ELLE QUÉBEC, que savoures-tu le plus? Le fait d’avoir du temps! Pour la première fois, je regarde la vie défiler sans tout prévoir deux ans à l’avance! Je cherchais cet équilibre entre ma vie professionnelle et personnelle depuis longtemps. Et c’est la première chose que ma fille m’apporte, avant même d’être née…

Que signifie être mère, pour toi, aujourd’hui? Pour moi, c’est un retour aux sources. C’est la raison pour laquelle on est sur terre, pour donner et faire découvrir la beauté du monde. Il y a tellement de choses que je veux transmettre à mon enfant: la force qu’une femme peut avoir, les subtilités qui la rendent unique… J’ai hâte de vivre tout ça avec elle.

Tu l’as attendue longtemps, n’est-ce pas? Oui. Au point où je commençais à faire la paix avec l’idée que la maternité n’était pas pour moi. Puis, au moment où je m’y attendais le moins, j’ai eu la plus belle surprise de ma vie. (silence) Avoir un enfant me donne le sentiment d’être au bon endroit au bon moment.

«Il y a tellement de choses que je veux transmettre à mon enfant: la force qu’une femme peut avoir, les subtilités qui la rendent unique… J’ai hâte de vivre tout ça avec elle.» 

Qu’attends-tu de l’amour, à 32 ans? Je n’ai pas d’idées préconçues. Je veux me sentir bien et connectée à mes émotions. Je veux partager les mêmes ambitions et être à la même place que mon amoureux dans la vie. Je veux être heureuse, tout simplement.

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C’est ce que tu ressens avec ton amoureux? (Elle réfléchit longuement) David et moi, on a 12 ans d’écart. Il est mature et a une grande confiance en lui! Autant on a des rêves fous, autant on vit un amour réaliste. On a chacun notre univers. Oui, on travaille parfois ensemble, mais on existe l’un sans l’autre. Et si on ne collabore pas plus souvent, c’est par choix. Car je ne veux pas retomber dans certains patterns. Je ne renie rien de ce que j’ai vécu par le passé, mais disons que, David et moi, on se complète d’une façon totalement différente de tout ce que j’ai connu avant.

À ton avis, peut-on aimer plusieurs fois dans sa vie? Oui, et ça n’enlève rien à personne! (long silence)

Tu sens que David fera un bon père? C’est sûr! Pour moi, un bon père donne tout d’abord de l’amour à son enfant. David planifie déjà une année sabbatique pour être le plus présent possible pour notre fille. C’est un homme bienveillant… (J’allais lui poser une autre question, alors qu’elle renchérit…) Il est rare que je révèle des choses sur David… mais s’il y a une qualité qui m’impressionne chez lui, c’est son extrême solidité. Ce n’est pas toujours facile d’être «le nouveau chum de Marie-Mai». Ça prend quelqu’un de très spécial pour s’engager sans jamais se sentir «insécure», et pour accepter de vivre avec tous les bons et les mauvais côtés qui viennent avec. Ça m’émeut de sentir qu’il m’aime autant et que le reste n’a pas d’importance.

 

Rencontre avec Marie-Mai 2

Marie-Mai
Chemisier à paillettes (Ashish); jean (Won Hundred); Bottes en cuir métallisé (Vetements); boucles d’oreilles (Ambush)
Photographe: Malina Corpadean

 

Tu as toujours été ouverte. Les médias ont largement couvert les hauts et les bas de ta dernière année. Est-ce que ça t’a rendue plus pudique? Non! Pourquoi je cacherais mon bonheur? Je suis en amour avec celui avec qui je dois être. Je suis bien. Mon bonheur, j’y travaille tous les jours et je le mérite!

Auras-tu la même transparence médiatique par rapport à ta fille? (silence) Si je n’avais pas vécu ma rupture avec l’étalage qui en a été fait, je serais la première à vouloir montrer mon bébé au monde entier. Par amour, par fierté! Mais là, je vais y penser à deux fois, car j’ai surtout envie de la protéger.

Qui dit enceinte dit nouvelle silhouette… Eh oui! Je trouve ça beau une femme enceinte, mais je constate des changements auxquels je dois m’adapter. Mes seins n’ont jamais été aussi gros et j’ai pris 15 livres. Des choses comme ça! (rires)

Est-ce que l’accouchement te fait peur? Pas du tout! J’ai choisi d’accoucher dans l’eau, dans une maison de naissance. Il est important pour moi de vivre cette expérience le plus naturellement possible.

«Pourquoi je cacherais mon bonheur? Je suis en amour avec celui avec qui je dois être. Je suis bien. Mon bonheur, j’y travaille tous les jours et je le mérite!»

Parlons musique: est-ce que tu écris en ce moment? Oui, et ma grossesse m’amène sur des chemins inattendus. Je touche à une profondeur différente. Le fait de travailler avec des auteurs-compositeurs nouveaux ou qui ne me connaissent pas (certains étant de Nashville ou de la Californie, où elle a passé quelques mois l’an dernier) me permet de me redéfinir en tant qu’artiste.

Tu as donc un nouvel album en préparation? Je suis en studio, mais il n’y a pas de date de sortie prévue. Mon prochain album restera pop, avec une plus grande profondeur musicale. Je veux que, comme tous les précédents, il soit représentatif de ce que je vis. Je n’ai aucun désir de me «déconnecter» de ce que j’ai fait dans le passé. Je veux simplement continuer à être fidèle à ce que je suis. (Elle me fait écouter un extrait d’une de ses nouvelles pièces sur son iPhone, et je confirme: elle opte pour une musique électro-pop planante, aux envolées envoûtantes qu’on ne lui connaît pas.)

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Et rester fidèle à celle que tu es devenue? Toujours! Je suis plus «en subtilité» que je pensais. Et plus multifacettes aussi. On se voit souvent d’une façon unidimensionnelle, parce que la vie file et qu’on ne se pose pas trop de questions. Il suffit qu’on s’arrête pour se retrouver face à soi-même, sans personne derrière qui se cacher pour découvrir celle qu’on est vraiment. On fait alors face à ses défauts, à ses qualités, à ses insécurités…

Cette remise en question t’a déstabilisée? Oui, et c’est la chose qui me choque le plus! Car ce n’est pas dans ma nature de lionne de douter de moi. Je vais de l’avant, j’ai de l’ambition et je ne m’accroche pas au négatif. Mais [après ma séparation], il m’est arrivé de me demander si j’allais être capable d’écrire toute seule, de m’occuper de la maison et de réussir à tout concilier… La réponse, c’est «oui!» Même si on a été ébranlée, on peut faire ce qu’on veut dans la vie… mais pas tout en même temps! (éclat de rire)

Que te souhaites-tu pour les mois à venir? Je me souhaite de dormir avant la naissance de ma fille! Et de continuer à apprendre. Je veux vivre ma vie de façon authentique, quitte à avoir un parcours parfois imparfait. Je me souhaite surtout d’avoir un enfant en santé. C’est tout ce dont j’ai besoin!