6-12 ans

Aider l’enfant qui vit le deuil d’un parent

Aider l’enfant qui vit le deuil d’un parent

  Photographe : istockphoto.com

6-12 ans

Aider l’enfant qui vit le deuil d’un parent

Pour un enfant, apprendre la mort de son père ou de sa mère est une grande tragédie. S’il y a autant de façons de vivre le deuil qu’il y a de jeunes, il y a toujours moyen de les accompagner dans cette dure épreuve.

 

«Apprendre le décès de papa ou de maman est souvent le moment le plus stressant et tragique dans la vie d’un enfant. Cette absence-là, il la portera en lui pour toujours. Mais il faut lui faire confiance. L’être humain peut vivre des malheurs extrêmes et mener tout de même une très belle vie», énonce d’emblée Josée Masson, directrice et fondatrice de Deuil-Jeunesse.

L’annonce

Même si le premier réflexe peut être de vouloir protéger notre enfant en lui cachant la vérité sur le décès ou en le tenant à l’écart des funérailles, c’est exactement du contraire qu’il a besoin. «La meilleure façon de le protéger est de lui annoncer le décès et de lui parler de la mort honnêtement et avec authenticité, de l’inclure dans les rites funéraires et de lui confirmer qu’il peut compter sur nous, qu’on l’accompagnera dans son deuil, peu importe comment il le vit», souligne Mme Masson.

Lors de l’annonce à notre enfant, on ne doit pas s’empêcher de pleurer. «Au contraire, cela lui montre qu’il a le droit lui aussi d’avoir des réactions», poursuit Josée Masson. On prend ensuite le temps d’accueillir sa réaction et on l’écoute bien, en évitant d’invalider ses émotions. Par exemple, si notre enfant dit se sentir coupable de la mort de son parent, on lui demande d’expliquer pourquoi, plutôt que de répondre qu’il ne doit pas se sentir ainsi.

«Il n’y a pas une seule réaction possible ni une meilleure façon de réagir pour notre enfant, qui peut tout aussi bien pleurer que continuer de vaquer à ses occupations», remarque pour sa part Josée Jacques, psychologue spécialisée dans le deuil, la mort et ses rites. Il est d’ailleurs fréquent de voir un jeune osciller entre des périodes de réaction (colère, tristesse, opposition, repli sur soi...) et des périodes de divertissement (jeux vidéo, iPad, télévision) qui lui apportent du réconfort. En revanche, ce qui n’est pas typique, surtout chez les plus jeunes, c’est de rester dans la tristesse durant plusieurs jours.

Les premiers jours

Comment accompagner notre enfant dans son deuil par la suite? «Les premiers jours, on s’en occupe comme s’il faisait de la fièvre: on le flatte, on lui dit qu’on l’aime, on lui fait de la soupe et on le regarde aller», répond Josée Masson. Inutile de l’interroger 15 fois par jour pour savoir comment il va; le jeune a plutôt besoin de se faire demander ce qu’il désire: Veux-tu aller à l’école demain? Préfères-tu l’annoncer toi-même aux amis? Aimerais-tu en parler avec ton professeur? On lui offre ensuite la possibilité de participer aux arrangements funéraires et aux funérailles, en lui expliquant en détail comment ça se déroulera.

«Surtout, l’adulte doit éviter de se poser comme un guide qui prend la main de son enfant pour lui montrer comment vivre son deuil. Il doit plutôt jouer un rôle d’accompagnateur, qui lui tient la main pour être à ses côtés. Le jeune est le seul expert de son deuil, il sait ce qui est bon pour lui et ce dont il a besoin», assure Josée Masson.

Comme parent survivant, on a aussi un deuil à vivre, et il peut arriver qu’on ne se sente pas assez disponible pour notre enfant. On demande alors à une personne de confiance de s’en occuper. Dans tous les cas, on avise les adultes de son entourage (professeurs, directeur, entraîneurs, voisins) pour qu’ils puissent ouvrir la porte au dialogue ou lui offrir de l’aide.

Doit-on consulter?

Les manifestations du deuil chez notre enfant peuvent être émotionnelles (pleurs, agressivité, irritabilité, repli sur soi) ou physiques (maux de ventre ou de tête, changement dans l’appétit et le sommeil). Elles peuvent aussi se traduire par une régression dans le développement (énurésie, parler comme un bébé), des difficultés scolaires, des cauchemars, des dessins macabres, etc. «C’est beaucoup plus facile pour l’enfant d’extérioriser ses émotions par le jeu, le dessin et les comportements, car il n’a pas toujours les mots pour exprimer ce qu’il ressent», reconnaît la psychologue Josée Jacques.

Si le sommeil et l’appétit de notre enfant sont bons en général, il n’y a pas trop lieu de s’inquiéter. On consulte toutefois lorsqu’il y a un changement de comportement inquiétant, qui perdure, qui augmente en intensité ou en fréquence. «Le plus important signe de complication du deuil, c’est l’écart entre le comportement [qu’avait notre enfant] avant la mort de son parent et [celui qu’il a] après», note la psychologue. L’enfant sociable et extraverti qui s’isole tout à coup est plus inquiétant que celui qui a toujours été renfermé, par exemple. «N’oublions pas que les jeunes aussi peuvent vivre des troubles anxieux, une dépression ou un stress post-traumatique», souligne la psychologue.

«On peut également consulter de façon préventive pour offrir une tribune neutre à notre enfant, où il pourra tout confier sans faire pleurer maman ou papa, rappelle Josée Masson. Mais on ne l’y force pas, car il risque de ne pas comprendre la pertinence de la relation d’aide et de ne pas y recourir le jour où il en aura vraiment besoin.»

La vie continue

Au fil des mois, notre jeune en deuil vivra les émotions habituelles, tantôt triste, tantôt fâché ou désorganisé. Tranquillement, il se refera une vie sans la personne décédée. «Surtout, on évite de dire à notre enfant qu’il ira mieux l’année prochaine, parce que ça ne sera peut-être pas le cas, précise Mme Masson. Souvent, le deuil commence véritablement la seconde année, la première étant celle de l’adaptation: le premier Noël sans papa, le premier anniversaire sans papa, les premières vacances sans papa, etc.»

Enfin, on continue de parler de la personne décédée et de se rappeler de bons souvenirs avec elle. «On garde le dialogue ouvert avec notre enfant pour qu’il puisse discuter de ce qu’il vit s’il le désire, puis on s’ajuste à ses réactions et on respecte le rythme de son deuil», conclut la psychologue Josée Jacques.

Quelques ressources:

  • Deuil-Jeunesse vient en aide aux enfants et aux familles qui vivent avec la maladie grave, la disparition ou la mort d’un proche.
  • La Maison Monbourquette offre une aide directe aux personnes endeuillées, notamment avec des groupes de soutien pour les enfants, les adolescents et les parents en deuil.
  • Jeunesse, J’écoute est un service de consultation, d’information et d’orientation anonyme et confidentiel destiné aux jeunes de 5 à 20 ans, par téléphone, clavardage en direct ou application mobile.

 

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