0-5 ans

Enfant: une technique pour le dodo

Enfant: une technique pour le dodo

istockphoto.com Photographe : istockphoto.com Auteur : Coup de Pouce

0-5 ans

Enfant: une technique pour le dodo

Le processus du dodo chez les enfants de trois ans et plus peut vite se transformer en cauchemar pour les parents. Voici une technique pour vous aider.

Chaque soir, papa et maman prient pour qu'après la routine du bain, de l'histoire, de la chanson, du toutou et des câlins, l'enfant s'endorme enfin. Déception: cinq minutes plus tard, c'est parti: «Maman! J'ai soif! Papa! J'ai envie de pipi». La technique des deux billets pourrait bien les aider.

La séparation du soir est un moment très anxiogène pour la majorité des jeunes enfants: c'est la transition entre le jour et la nuit, entre la vie en famille et la solitude; c'est un moment également anxiogène pour les parents. Il faut avoir grandement confiance en la vie, confiance dans les personnes censées nous protéger, confiance aux serrures de la maison pour lâcher prise et se laisser glisser dans le sommeil. La nuit, nous sommes seuls, vulnérables, sans contact physique, sans contact verbal. Plus l'enfant se sentira impuissant, victime, plus il essaiera d'avoir son parent auprès de lui. Tous les moyens sont bons.

Un enfant anxieux, pour quelque raison que ce soit, cherche donc à protéger, par tous les stratagèmes possibles, le contact avec sa figure d'attachement. Il veut naïvement retarder le moment où il sera définitivement seul. Il n'hésite pas, le soir ou en pleine nuit, à provoquer la colère de ses parents: à tout prendre, mieux vaut un parent présent et en colère qu'un parent absent.

La technique des deux billets

Face à ces stratagèmes, le parent peut lui aussi user de petites ruses pour aider son enfant à mieux dormir. L'anxiété de l'enfant vient de sa conviction qu'il n'est pas capable de rester seul, qu'il n'a pas le pouvoir de se protéger, bref de gérer la situation. Il faut donc lui donner du contrôle, un contrôle positif et actif qui le sortira de son état de victime du méchant parent qui l'oblige à dormir! C'est la technique des deux billets.

Objectif
Diminuer les difficultés de l'enfant à s'endormir le soir et lors de ses réveils nocturnes.

Source

La technique des deux billets est une technique comportementale, au départ diffusée dans la section Parenting d¿un grand quotidien américain. Elle est enseignée par la psychologue québécoise Danie Beaulieu. L'efficacité clinique de cette méthode enseignée depuis une dizaine d'années aux parents est étonnante, à condition évidemment que les parents aillent jusqu'au bout de la prescription.

Contexte d'utilisation

Le soir, au coucher, et la nuit quand l'enfant se réveille. 

Âge d'utilisation

À partir de 3 ans ou selon l'âge développemental.

Clientèle cible

Enfant anxieux avec endormissement difficile ou réveils nocturnes fréquents.

Matériel nécessaire

Deux jolis billets en carton coloré et plastifié sur lesquels est écrit: «Une permission de déranger maman ou papa pendant la nuit».

Allégorie
Le parent explique à l'enfant que ces deux billets sont comme de l'argent qu'il peut dépenser à sa guise.

Description de l'outil

Chaque soir, le parent remet les billets à l'enfant et les reprend au petit matin s'ils n'ont pas été utilisés: il n'y a donc pas d'accumulation possible. L'enfant doit placer les billets sous son oreiller pour pouvoir y toucher au besoin et y avoir accès rapidement.

Le parent confie à l'enfant le contrôle total de ces deux billets. Ce détail est primordial: il faut se rappeler que l'enfant anxieux a réellement besoin d'avoir l'impression de contrôler sa vie. Il déteste être victime des décisions du parent dont il cherche, toutes proportions gardées, à se «venger» par des comportements passifs agressifs. Les deux billets lui redonnent un pouvoir sain sur un certain nombre d'évènements. Sans conséquences, on s'entend.

Le parent annonce ensuite que désormais, grâce aux merveilleux billets, l'enfant pourra lui commander de venir gentiment à son chevet, à n'importe quelle heure du soir ou de la nuit, même sans aucune raison. Comme un génie qui sort d'une lampe quand on la frotte et qui se soumet à son maître. 

L'enfant doit apprendre la phrase, une formule magique, qu'il doit utiliser pour appeler son parent: «Papa, viens me voir tout de suite, j'ai un billet à dépenser».  Comme le billet lui donne le pouvoir absolu de faire venir son parent dans sa chambre, il n'a pas besoin d'inventer un prétexte pour réclamer cette présence.  On encourage ainsi l'enfant à ne pas prétendre qu'il a peur, ou soif ou envie de faire pipi, bref, à ne pas mentir. Le simple désir de voir et toucher son parent est suffisant. Le parent s'engage à obéir docilement et diligemment au pouvoir du billet. Chaque billet achète une présence de deux minutes, pas plus. Le temps de faire un câlin, de chanter une chanson, bref d'être là, présent dans la nuit avec l'enfant. Rien de plus, rien de moins. C'est difficile pour le parent: il doit garder sa bonne humeur à deux heures du matin, quand l'enfant appelle «pour rien».

Dans la plupart des cas, l'enfant, au début, va tester la fiabilité de cette méthode en dépensant rapidement ses deux billets dans la même soirée. Le contrat doit pourtant être clair et respecté: si l'enfant dépense ses deux billets, papa et maman n'iront plus dans la chambre cette nuit, même si l'enfant hurle pendant trois heures. Pour appliquer avec succès cette méthode, il faut encourager le parent à supporter cet assaut de cris: ce sera l'affaire d'une ou deux nuits, et pas plus, s'il tient bon. Tout doit être expliqué en détail à l'enfant.

Lorsque la nuit arrive

Puis, la nuit arrive. L'enfant fait une première demande à laquelle le parent répond, souriant, comme le génie de la lampe magique. Le parent ne doit ni parler, ni agir avant que l'enfant ait tendu son billet. Le parent reste avec son enfant pendant deux minutes. Si l'enfant veut que le parent prolonge sa présence, il faut qu'il paye, c'est comme parler au téléphone cellulaire: ça lui coûtera alors  son dernier billet.  

Si l'enfant tient à dépenser son deuxième billet, le parent doit alors symboliquement sortir de la chambre, mais revenir aussitôt en lui demandant combien de billets il lui reste. L'enfant doit vérifier avec ses yeux et ses mains. Puis, le parent doit lui demander si la nuit est terminée, et s'il ne préfère pas conserver son deuxième billet pour une urgence: cauchemar ou besoin réel. Le parent suggère donc à l'enfant d'être prudent et de garder son dernier billet pour quelque chose de vraiment très important. Car sans billet papa et maman ne reviendront pas. S'il l'enfant sort de son lit, papa et maman iront le reconduire SANS DIRE UN MOT et sans contact visuel. Le parent doit alors agir comme un robot, imperturbable, insensible et intransigeant, et remettre son enfant au lit. Cette attitude est capitale pour la réussite de la méthode. N'oubliez pas: l'objectif de l'enfant est d'être en relation. Après la dépense des deux billets, l'enfant n'a plus droit, jusqu'au lever du soleil, à cette relation. Si l'enfant sort de sa chambre, le parent le ramène dans son lit, mais sans répondre aux tentatives de mise en relation faites par l'enfant à 3 heures du matin.

La majorité des enfants anxieux ne dépenseront jamais leur deuxième billet. Ils le garderont et s'y accrocheront. L'enfant est rassuré, car il a un vrai pouvoir. Un pouvoir de décision. Un pouvoir sur sa vie. Il ne se voit plus comme seul, rejeté, abandonné la nuit à ses angoisses. Il a une solution! Une solution qui ne mettra pas son parent en colère.

L'attitude déterminée du parent

Un petit nombre d'enfants vont néanmoins tester férocement le contrat qui les lie à leurs parents en dépensant hâtivement les deux billets et en essayant de les déranger plusieurs fois le reste de la nuit. Leur plan: voir si le parent demeure solide; si le parent a une parole; si le pont parental, le fameux lien qui l'unit à sa figure d'attachement, est aussi solide qu'il en a l'air!

Seule l'attitude déterminée du parent qui respecte la consigne de ne pas parler et de ne pas regarder l'enfant viendra à bout de l'anxiété de l'enfant et des nuits d'enfer qu'il lui fait vivre. Que représentent deux ou trois nuits orageuses quand on sait qu'on peut régler une fois pour toutes le problème des réveils nocturnes à répétition?

Sources

Beaulieu, D. Technique d’impact pour grandir pour enfants. Éditions Académie d’Impact, 2000.

Chicoine, J.F et Lemieux, J. Anxiété et adoption, dans Baril, R. et Chicoine J. F. Abandon, adoption, autres mondes,, 2006.
 www.meanomadis.com

Lemieux, J. Je m’attache à mon enfant par adoption, Montréal, BCAQ/LMEA, (à paraître)

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