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Le vol de prénom, véritable phénomène?

Le vol de prénom, véritable phénomène?

Le vol de prénom, véritable phénomène? Auteur : Amélie Cournoyer

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Le vol de prénom, véritable phénomène?

Est-ce immoral de choisir le même prénom qu’une amie pour son enfant? Et est-ce réaliste d’empêcher nos proches d’utiliser le prénom qu’on souhaite donner à son éventuel bébé? Bref, peut-on «voler» ou «se faire voler» un prénom?

 

Je me souviendrai toujours de l’air hébété d’une connaissance lorsque je lui ai annoncé que ma fille se prénommait Romane. «C’est le prénom de ma fille. Quel âge a la tienne?» m’a-t-elle répondu sèchement, comme pour déterminer qui avait eu l’idée en premier. À la suite de notre rencontre, j’avoue m’être questionnée: m’avait-elle déjà dit le prénom de sa fille, influençant inconsciemment mon choix? Avais-je «volé» son idée?

Un phénomène récent

L’équipe du Today Show (l’émission matinale la plus écoutée aux États-Unis) s’est aussi penchée sur la question récemment. Dans un sondage auquel 12 000 personnes ont participé, plus de la moitié ont répondu que le vol de prénom est un phénomène bien réel et que les futurs parents qui connaissent un couple ayant des visées sur un prénom ne devraient pas l’utiliser.

Si véritable phénomène il y a, il est tout récent. Au Québec, les générations qui nous ont précédés optaient souvent pour des prénoms communs ou tirés de la Bible afin de signifier leur appartenance à leur communauté ou à la religion catholique. (Ce qui a donné la flopée de Marie, Jean et Pierre qu’on connaît!) Aujourd’hui encore, les parents qui jettent leur dévolu sur des prénoms populaires ou traditionnels doivent s’attendre à voir des personnes de leur entourage choisir le même: 615 Emma et 754 Thomas ont vu le jour au Québec en 2015 seulement.

Mais on assiste également à la mode des prénoms originaux, des parents n’hésitant pas à en inventer ou à modifier l’orthographe usuelle d’un prénom (comme C-Bastien au lieu de Sébastien). Prénommer l’enfant devient ainsi un moyen de s’affirmer, de se démarquer, de souligner le caractère unique de son rejeton. Dans ce contexte, pas étonnant que certains sentent qu’on leur a «volé» quelque chose en utilisant le même prénom qu’eux!

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Puisqu’on ne peut pas (encore) déposer de brevet sur le prénom d’un enfant, on n’a aucun pouvoir sur celui-ci et, aussi original soit-il, il ne nous appartient pas. Légalement parlant, on ne peut donc pas «voler» ou «se faire voler» une idée de prénom. Mais est-ce une violation éthique que de s’approprier celui de l’enfant ou du futur enfant d’un proche? «Je ne le crois pas, répond Danielle Roberge, formatrice agréée, conférencière et consultante en étiquette, protocole et service client chez Parlons Étiquette. On ne devrait pas se priver de choisir un prénom qu’on aime. Par contre, la politesse serait de demander au proche en question ce qu’il en pense. Ensuite, il faut être capable de vivre avec la réponse, quelle qu’elle soit.»

Mais peut-on réellement briser une amitié ou un lien familial pour ça? «C’est une histoire de contexte, fait remarquer Danielle Roberge. Ça dépend de la personnalité des personnes concernées, de leur historique et de la qualité de leur relation au départ.» Par exemple, on peut comprendre la frustration de Camille (nom fictif), qui n’a toujours pas réussi à tomber enceinte après plusieurs années d’essais, lorsqu’elle a appris par la bande qu’une bonne amie avait choisi — en toute connaissance de cause — le prénom qu’elle chérissait depuis toujours pour sa future fille... Disons que ça a jeté un froid sur leur amitié.

Bref, sans demander une «permission officielle», signaler son intention d’utiliser un prénom sur lequel un proche a jeté son dévolu est une belle marque d’attention. Ça évite les mauvaises surprises, en plus d’ouvrir la porte au dialogue.

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