J’affiche mon célibat sans gêne, dans la vraie vie comme sur le web. J’ai rédigé des billets à ce sujet sur le site de ELLE QUÉBEC, j’ai écrit des statuts Facebook, j’ai publié des photos sur Instagram. Je suis active sur les applications de dating, et je n’ai absolument rien contre le fait de faire de belles rencontres sur ces apps ou ailleurs dans le monde réel. Là où le bât blesse, c’est quand certains hommes, parce qu’ils ont vu quelque part que j’étais célibataire, inondent mes inboxs de messages peu subtils, et tout à fait non sollicités. Je m’explique.

J’ai de la difficulté à expliquer pourquoi (c’est peut-être la drôle de température printanière qu’on a ces temps-ci), mais au cours des dernières semaines, j’ai reçu une tonne de messages de gars sur les réseaux sociaux. L’un m’avait vu sur Tinder et voulait ABSOLUMENT qu’on se jase (alors qu’on n’avait jamais matché). L’autre est un genre de photographe qui m’a vu dans un café, puis trouvé sur Instagram, sur Facebook et sur Gmail pour m’écrire qu’il me trouvait donc bien charmante et qu’il souhaitait me prendre en photo. L’autre m’avait charmé sur Happn et, devant une absence de réponse de ma part, trouvait nécessaire de m’expliquer pourquoi il était un bon parti. L’autre me trouvait comique sur les réseaux sociaux et désirait «faire ma connaissance». Vous comprenez le principe…

Chaque fois, j’ai ressenti un malaise. Voire de la colère. Et je ne me suis pas gênée pour répondre de façon assez cinglante que Facebook ou Gmail, ce ne sont pas des plateformes conçues pour cruiser. Pourtant, quand j’en parlais à mes amies, on me répondait: «Franchement! Tu devrais être flattée. C’est parce que t’es belle! Ça vient avec.» Malgré tout, ça continuait de me troubler. Puis je suis tombée sur ce billet anonyme de Ton Petit Look, qui résume tellement bien ma pensée – et qui me démontre que je suis loin d’être la seule dans cette situation. Personnellement, ce genre d’approche me dérange pour trois raisons principales. Les voici.

  1. Je n’existe pas pour me faire draguer.

Oui, je suis célibataire. Oui, je suis présente sur les applis de dating. Oui, j’ai envie de rencontrer des gens intéressants. Pourtant, ça ne veut en aucun cas dire que l’on peut me cruiser n’importe où, n’importe quand. Il y a un moment et surtout un endroit pour ça, sur Internet comme dans la vie. On matche sur Tinder? Go, là c’est le temps! On fonce nez à nez dans un 5 à 7? Cruise away! On se croise à un party, et il y a une chimie visible entre nous qui justifie que l’on devienne amis Facebook? Vas-y! Mais m’envoyer un «T’es chix.» en message sur mon LinkedIn, c’est non. M’écrire sur mon courriel personnel que t’as envie de «faire ma connaissance», c’est non. Me demander d’être ton amie sur Facebook alors qu’on ne se connait ni d’Ève ni d’Adam, puis engager une conversation qui commence par «Tu es sublime.», c’est non. Premièrement, parce que je me fout de ce que tu peux penser de mon enveloppe corporelle. Deuxièmement, parce que — comme bien des femmes — je ne suis pas sur Facebook, ni sur LinkedIn, ni sur Twitter pour me faire cruiser (malhabilement, qui plus est). Ce sont, pour moi, des outils principalement professionnels. Ces messages que je n’ai jamais demandés sont pour moi l’équivalent de cat calls quand j’attends l’autobus. C’est aussi simple que ça.

 

T’as vraiment envie d’initier une conversation? Correct. Mais commencer par un «Salut, comment ça va?», ça n’a jamais tué personne. Et rien ne m’oblige à répondre. Ce qui m’emmène au deuxième point.

  1. Se faire dire «non», ça fâche les garçons.

Plusieurs de mes amies m’ont dit: «C’est pas grave! T’as juste à les ignorer.» Si seulement c’était aussi simple! En règle générale, chaque fois que j’ignore des messages du genre (parce que j’ai tout à fait le droit de le faire), le ton monte, et le passif-agressif l’emporte. Je ne suis donc pas fine de ne pas répondre à leurs «compliments». J’ai aussi essayé la méthode forte: dire clairement que ça ne m’intéresse absolument pas de me faire cruiser sur les réseaux sociaux, et leur rappeler que pour ça, il existe une panoplie d’applis. Presque chaque fois, la réponse est la même: «Mais non, tu ne comprends pas! MOI je suis un bon gars, si je fais ça, c’est parce que je te trouve VRAIMENT intéressante.» Suivi d’un «Bonne soirée.» insulté lorsqu’ils comprennent que je ne leur répondrai plus. C’est terriblement frustrant, à la longue, d’avoir à expliquer ce concept, pourtant vraiment simple, à des hommes adultes. C’est drôle, mais j’ai l’impression que les filles qui écrivent de cette façon à des inconnus et qui sont insistantes, c’est franchement plus rare…

  1. Des messages insistants sur les réseaux sociaux, ça fait peur.

Message à tous les gars qui lisent ce texte: se faire dire «Je t’ai croisé au coin de telle et telle rues et j’ai réussi à te trouver sur Facebook», c’est pas cute, c’est creepy en tabarouette. Et ça fait peur. Peur, parce que j’ai aucune idée de qui t’es, de jusqu’où t’es capable d’aller dans ton stalkage si t’as réussi à trouver mon courriel personnel pour m’écrire que tu me trouves belle après m’avoir croisé dans la rue. Peur, parce que déjà, en tant que fille, je suis toujours sur mes gardes quand je sors de chez moi, et que ça me donne une raison de plus de faire le saut quand quelqu’un me suit de trop proche quand je marche vers ma maison, le soir. T’es peut-être pas un maniaque ni un harceleur, mais s’il te plaît, change ta manière d’aborder les femmes. Le fait que j’évolue dans le même monde que toi ne te donne pas le droit de t’immiscer dans ma vie privée, ni dans mes inboxs. Encore moins d’insister quand je te dis que je ne suis pas intéressée (allô, le consentement!). T’as peut-être pas encore compris ça – et il est plus que temps – mais je n’existe pas pour te plaire… ni dans la vraie vie ni sur le web.