En mai dernier, les fans de Michael Bublé ont retenu leur souffle en apprenant que le chanteur canadien devait annuler tous ses spectacles pour subir une chirurgie mineure aux cordes vocales. Quelques semaines plus tard, on le joignait à son domicile de Vancouver pour constater que le bistouri n’avait altéré ni sa voix ni son sens de l’humour. Et il aura bien besoin des deux, car en plus de proposer au public son neuvième album, Nobody but Me, il lancera, au cours des prochaines semaines, un parfum pour femme, By Invitation, et un film documentaire, Tour Stop 148, relatant les hauts et les bas de sa dernière tournée mondiale. Rencontre avec un artiste hyperactif, qui cultive de plus en plus son côté zen.

Perdre la voix est probablement la plus grande crainte de tout chanteur. Y avez-vous pensé au moment de subir votre chirurgie?

Non! Chanter, c’est toute ma vie alors je refuse même d’envisager la possibilité d’arrêter une seconde! Et puis, j’avais des médecins formidables, qui m’ont assuré qu’il ne s’agissait que d’une intervention de routine, et je leur ai fait confiance.

On le sait, vous aimez causer! Durant votre période de convalescence, qu’est-ce qui a été le plus difficile: ne pas chanter ou ne pas parler?

Oh, ne pas parler: j’ai dû me faire violence! Ç’a été particulièrement difficile pour mon fils de deux ans, qui adore discuter avec son papa. Je me suis servi d’un petit logiciel pour communiquer avec ma famille, mais je pense qu’elle n’était pas convaincue par la voix artificielle qui sortait de mon iPad! (rires)

Au fil des ans, vous vous êtes forgé une solide réputation de fêtard. Maintenant que vous avez atteint la quarantaine et que vous êtes père de famille, avez-vous calmé vos ardeurs?

On pourrait dire que j’ai utilisé tous mes coupons de drink, et peut-être ceux de quelques autres personnes! J’ai encore parfois besoin de m’éclater, mais puisque ma priorité, c’est d’être un bon papa, alors, oui, je me suis calmé. Et puis, il y a les fans: je fais ce job pour eux et grâce à eux, alors il faut que je garde la forme.

Votre nouvel album reprend la formule que vous avez utilisée sur presque tous vos disques: des compositions pop, faites sur mesure pour la radio, et des classiques du grand répertoire américain de la chanson. Est-ce qu’il s’agit d’une recette? 

Il s’agit plutôt d’une façon de faire qui me permet d’être à la fois conservateur et audacieux. Ces disques, je les fais d’abord pour les gens, qui s’attendent à y retrouver mon côté crooner. J’ai un plaisir fou à déterrer de vieilles chansons, et pas seulement de très connues. Mais je veux aussi grandir comme auteur et compositeur, et j’ai l’impression d’y être parvenu sur Nobody but Me.

Qu’est-ce qui était si différent cette fois-ci?

Je suis vraiment sorti de ma zone de confort. Aussi, après avoir travaillé avec certains des plus grands réalisateurs du monde, comme David Foster ou Bob Rock, j’ai décidé de réaliser l’album moi-même, ce qui était un peu casse-cou. Et puis, j’ai décidé de collaborer avec des gens avec qui je n’avais jamais travaillé auparavant et avec qui je me suis éclaté comme jamais. En studio, on avait un credo très simple: ne faire que ce qui sert le mieux la chanson. Peu importe d’où venait l’idée, si elle apportait quelque chose à la chanson, on la gardait.

Vous avez toujours été un artiste solo, mais paradoxalement vous êtes aussi un gars de gang…

Oui, et vous n’avez pas idée! Je suis entouré d’un petit groupe de gens qui me suivent depuis le début, et rien ne compte plus à mes yeux que leur avis sur mon travail. Je sais ce que je veux, mais je suis aussi à l’écoute de l’opinion des autres. D’ailleurs, je fais sans cesse des sondages auprès de mon entourage pour savoir si je suis sur la bonne voie!

Vous avez interprété de grands classiques au cours de votre carrière, et ce nouvel album en contient plusieurs. Qu’est-ce qui, selon vous, fait que certaines chansons traversent les époques et d’autres pas?

C’est la question à 100 $! L’histoire de la musique ne compte plus les chansons cools, bien tournées, mais qui demeurent des succès mineurs. Ça a l’air complètement nunuche à dire, mais ce qui fait un vrai classique, c’est le feeling. Si la chanson réveille un flot d’émotions dès les premières notes, si elle touche les gens droit au cœur, si bien qu’ils en viennent à l’associer avec tel ou tel événement marquant de leur vie, alors c’est un classique en puissance.

L’avez-vous déjà ressenti avec l’une de vos propres compositions?

Oui, avec Home. Je me souviendrai toujours de la première fois que je l’ai jouée devant des gens. C’était à une petite rencontre, un genre de cocktail organisé par mon label, Warner Bros. Music. Devant ces gens de l’industrie, qui en ont entendu bien d’autres, je l’ai interprétée avec passion. Après ma prestation, plusieurs d’entre eux m’ont simplement dit qu’ils avaient été touchés. C’est là que j’ai su que je tenais quelque chose de spécial.

Croyez-vous au pouvoir transformateur, voire thérapeutique, de la musique?

Et comment! Il y a des jours où je me dis que ce que je fais est frivole, que je ne sauve pas de vies. Et puis, je croise quelqu’un qui me dit qu’une de mes chansons lui a fait du bien, et alors ça me rappelle pourquoi je fais ce métier. On a un besoin viscéral d’évasion et de bonheur, particulièrement à notre époque plutôt sombre.

Votre album s’appelle Nobody but Me. Est-ce une façon de dire que vous êtes irremplaçable?

Ha! Ha! Non, pas du tout… En fait, il y a un peu d’affirmation personnelle derrière ça: j’ai passé toute ma carrière à être comparé à d’autres. Alors, avec cet album, je dis simplement que je ne suis nul autre que moi-même. Mais cette affirmation vaut pour tout le monde: c’est ma façon de dire que nous sommes tous uniques.

L’album Nobody but Me (étiquette Warner Bros. Records) sera dans les bacs le 21 octobre prochain.

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