Sexualité

Abstinence sexuelle: des effets secondaires?

Abstinence sexuelle: des effets secondaires?

Auteur : Coup de Pouce

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Abstinence sexuelle: des effets secondaires?

Bien des célibataires doivent se résoudre, pour plus ou moins longtemps, à l'abstinence sexuelle. À quel prix? On lit ce qui suit.



Abstinence et chasteté: nuance

Selon l'encyclopédie Web Wikipédia, l'abstinence sexuelle (ou continence) est le «non-usage des parties génitales pour une activité sexuelle». La signification la plus usuelle étant dans le cadre d'une relation avec un autre individu, mais inclut aussi la masturbation. On ne choisit pas nécessairement l'abstinence. La chasteté, elle, se veut un choix de vie, par conviction religieuse ou désir d'élévation spirituelle, par exemple.

Conséquences possibles

Au chapitre de la sexualité, il existe bien peu de normes. C'est pourquoi il est difficile de dresser une liste précise des «méfaits» que peut entraîner l'absence d'activité sexuelle avec un partenaire. Car même si certaines études affirment que le sexe est bon pour la santé, la qualité du sommeil et même le quotient intellectuel, il faut garder en tête que la sexualité ne se vit pas qu'à deux: un orgasme en solo apportera les mêmes bienfaits biologiques qu'un orgasme à deux. Encore faut-il être à l'aise avec les plaisirs en solitaire! Sur le plan psychologique cependant, l'abstinence peut avoir un certain impact qui variera d'une célibataire à une autre. «En période d'abstinence prolongée, je me sens tendue, et ce, tant physiquement que psychologiquement, confie Cinthia, 30 ans. J'ai moins de concentration, je me sens plus impatiente, voire agressive.»

Or, toutes les femmes ne réagiront pas comme Cinthia. Selon Josée Leboeuf, sexologue clinicienne et psychothérapeute, l'abstinence subie peut faire ressortir chez chaque personne les «faiblesses» déjà présentes de sa personnalité. Par exemple, si on a tendance à se déprécier, à déprimer, à s'énerver ou à s'isoler, l'abstinence risque d'amplifier ces traits. Une chose est sûre: on oublie la croyance selon laquelle les personnes abstinentes pendant très longtemps risqueraient de développer des déviances!

Autres conséquences: certaines femmes craignent de ne plus savoir comment s'y prendre, convaincues que leurs talents d'amantes soient perdus à tout jamais. Une croyance qui peut s'avérer un véritable obstacle. «J'ai peur de reprendre une vie sexuelle et cela me freine dans mes efforts pour rencontrer quelqu'un», dit Nathalie. Enfin, sur le plan physique, une femme pourra avoir plus de difficulté à lubrifier et ressentir des douleurs lors de la pénétration après quelques mois d'abstinence.

Un coup dur pour l'estime de soi

Bien qu'on ne puisse regrouper tous les abstinents sous une même étiquette, Josée Leboeuf a observé de nombreux points communs chez plusieurs célibataires qui vivent un «jeûne sexuel».

Lorsqu'elles demeurent plusieurs mois, voire des années, sans partenaire sexuel, plusieurs femmes auraient tendance à voir leur estime d'elles-mêmes dégringoler. Suis-je normale? Trop grosse? Trop laide? Etc. Bref, elles se mettent à douter sérieusement de leur pouvoir de séduction. Après deux relations amoureuses très difficiles, puis l'arrivée d'une maladie dont les traitements ont entraîné une baisse de sa libido, Nathalie, 45 ans, illustre bien cette situation. «J'ai une drôle de perception de moi-même, c'est comme si j'étais asexuée. Pourtant, j'ai encore mes règles et j'utilise un moyen de contraception, ce qui me rappelle que je suis toujours une femme en mesure de procréer et d'avoir des rapports sexuels, souligne-t-elle. J'ai le sentiment que mon manque de désir est perceptible et que, par conséquent, les hommes m'ignorent. Cela me dévalorise et crée un sentiment de tristesse et d'injustice, plus que de frustration.» Jennifer, 28 ans, se questionne sur son attitude et même sur ses performances au lit. «J'assume mes besoins physiques, je crois que je suis jolie et ouverte aux gens. Mais comme les hommes ne m'approchent pas vraiment pour me faire la cour, j'ai parfois l'impression que je leur fais peur ou alors que toute la ville s'est fait dire que je suis un très mauvais coup au lit!»

Et qui dit manque d'estime personnelle dit souvent difficulté à entrer en relation avec les autres. Un risque important: s'isoler de plus en plus. Le regard et le jugement de notre entourage – famille, amis, collègues et autres – peuvent aussi porter atteinte à l'estime de soi. Qu'est-ce qui cloche chez toi? Comment se fait-il que tu es seule? Et ainsi de suite. Ce type de questions est en effet le lot de plusieurs célibataires. Comme si leur intimité était devenue du domaine public! «Après un an de célibat, sans aucune aventure, j'en suis arrivée à ne même plus avoir envie de socialiser. Mes amies étaient en couple et j'en avais marre de me sentir comme une extra-terrestre sur la planète Amour!», s'exclame Jennifer. Chez certaines femmes, la masturbation comble assez bien leurs besoins hormonaux. Malheureusement, la capacité de conversation d'un vibrateur n'est pas très grande, sans compter qu'il ne peut pas nous serrer dans ses bras! Zéro affection. «Le plus dur, ce n'est pas de ne pas faire l'amour, mais de ne pas me sentir aimée, cajolée…», confie Jennifer.

Plus facile pour une femme?

On entend souvent dire que les femmes s'accommodent plus facilement de l'abstinence que les hommes. Ce que l'on sait, c'est qu'en général, les hommes auraient davantage de pulsions sexuelles à cause de leur taux de testostérones. En revanche, les femmes seraient moins portées qu'eux à parler de leurs manques sexuels.

Réalité physique ou éducationnelle, donc? Une question quasi impossible à trancher. Une chose est sûre: le fait de subir, en l'occurrence l'abstinence, constitue un état inconfortable et comporte une certaine souffrance, et ce tant pour les femmes que pour les hommes.

La solution se trouverait-elle donc chez le premier homme rencontré et disposé à se mettre au lit avec nous? «Jamais, je ne préconiserai de coucher à tout prix avec quelqu'un, affirme la sexologue Josée Leboeuf. Les gens doivent se sentir libres de le faire ou pas. Tant qu'il y a un choix – le faire ou non – et que la personne est en accord avec son choix, ça va.» Le célibat de Cinthia a connu des épisodes… sexuellement fastes! «J'ai consommé des hommes comme du fast-food, admet-elle. Au début, c'était OK, mais après un certain temps, je n'étais plus bien avec moi-même.» L'aspect affectif manquant à ses aventures, ces dernières n'arrivaient plus à «nourrir» la jeune femme.

Et le positif dans tout ça?

Au coeur de ce «passage obligé», tout n'est pas que noir, au contraire! Pour Josée Leboeuf, cette période d'abstinence peut s'avérer une excellente occasion de prendre soin de soi. Comment? En dressant d'abord notre bilan personnel: qu'attendons-nous de la vie? Quels sont les patterns qu'on souhaite briser? Que voulons-nous de notre prochaine relation amoureuse?

C'est aussi une occasion rêvée pour apprivoiser son corps… et se faire l'amour à soi-même! En effet, lorsqu'elles sont en couple, plusieurs femmes ont tendance à prioriser les désirs de leur partenaire avant les leurs. Célibataires, la masturbation les amène à mieux connaître leur corps et, par la suite, à mieux revendiquer leurs besoins auprès d'un partenaire. «Me donner plus souvent du plaisir en solo m'a permis d'éprouver des sensations jusqu'alors inconnues pour moi, révèle Cinthia. Quand, plus tard, j'ai rencontré mon amoureux, il n'était pas question que je ne les ressente plus!»

Enfin, le célibat nous donne la liberté de penser davantage à nous. On en profite pour suivre les cours qui nous font envie, pour faire du sport, voir des spectacles, etc. Et pourquoi pas une visite au sex-shop? On préserve un réseau social également: amis, famille et enfants, si on en a, peuvent nous apporter beaucoup sur le plan affectif. Bref, on jouit de l'existence du mieux que l'on peut!

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