Dans cette nouvelle, parue pour la première fois en 2008 dans le recueil Premières amours, à la Courte échelle, on retrouve les thèmes souvent abordés par l’écrivaine: la dictature de la beauté, la violence des relations intimes, l’amour, le désir, l’image de soi.

Peggy Nouvelle Nelly Arcan

Peggy, par Nelly Arcan.  Image by: La Mèche

La nouvelle sera disponible ici à compter du 20 janvier. En attendant, en voici un extrait:

«Lever les bras, c’est comme soulever une couverture ou enlever un chandail. Quand Peggy levait les bras, elle arrivait à s’allonger en restant debout. Elle se couchait, même assise. En s’étirant comme dans un lit au réveil, mais pas dans son lit. Dans l’Agora. Et sans doute aussi à l’extérieur de l’Agora, car s’étirer, ça peut être un mode de vie. On peut s’étirer du matin au soir. Ça s’est déjà vu. J’avoue que ce doit être fatigant. Dans l’Agora je tentais efflanquée de l’imiter mais le geste m’échappait, le geste fuyait mon grand corps parce que le geste voulait rester sur Peggy, y retourner pour un maximum d’effet. Quand je pense à elle aujourd’hui, je la revois dans ce geste : l’étirement. Le traumatisme arrivait dans l’étirement de Peggy.

Quand Peggy s’étirait, quand elle faisait le geste de lever les bras comme si elle voulait que le ciel la prenne dans ses bras à lui, c’est tout le secondaire qui cessait de respirer. Parce que plaire veut dire : contraindre les autres à cesser de vivre, le temps de regarder ; forcer le monde à devenir public, le reléguer autour de soi, dans les gradins. La beauté est un ordre qui commande à tous l’immobilité et la contemplation. La beauté est une force de frappe qui met à genoux».

Affiche film Nelly Mylène Mackay

Affiche du film Nelly, d’Anne Émond. 

Le film Nelly, qui met en vedette notre covergirl du mois de février, Mylène Mackay, prend l’affiche également le 20 janvier 2017.