«On attend après vous, les boys!» lance Jay, taquin, au photographe Marc Montplaisir et à son assistant, qui s’affairent à trouver la bonne lumière pour mettre en valeur le pétillant barbu. Le ton de la séance photo est donné. Et quelle séance! En quelques clics, c’est dans la poche. Tout le monde est en pâmoison devant le regard perçant et le fier port de tête de celui à qui l’équipe en studio a décerné en riant le titre d’«ambassadeur du man bun».

Beau et drôle, mais aussi gentil, patient, professionnel et… humble? Oui! Beaucoup, même. Il semble presque étonné de l’attention qu’on lui porte. «Je ne souffre pas du syndrome de l’imposteur, mais je suis toujours déstabilisé quand on me reconnaît ou lorsqu’on pense à moi pour un projet. Dans ma tête, personne ne sait qui je suis et je peux encore faire des niaiseries! (rires) J’avoue être agréablement surpris chaque fois qu’on m’aborde dans la rue.»

 

Pourtant, l’humoriste a le vent dans les voiles. Cet automne, on l’a découvert en tant qu’animateur à la barre de l’émission Urbart (MATV) alors qu’il faisait visiter Montréal à vélo à des personnalités d’ici. Trois fois par semaine, il anime de populaires soirées d’humour, de Montréal à Gatineau. Et cet hiver, il sera en vedette dans Code G., le pendant masculin de l’émission de variétés Code F., à VRAK, en plus de tenir un petit rôle dans la comédie Conseils de famille, à Télé-Québec. Avez-vous dit workaholic? «Je travaille beaucoup, mais j’ai tellement de fun, avoue-t-il, les yeux brillants. Peu importe le métier, les premières années sont celles où on doit trimer dur: on dit oui, on dort moins, on fonce… c’est normal! Mais j’essaie tout de même de garder les pieds sur terre, de prendre le temps de voir ma famille, mon neveu, ma nièce, mon meilleur ami. Ça me ramène à l’essentiel, à la vraie vie.»

Jay Du Temple

Jay Du Temple Photographe : Marc Montplaisir

Occupé, donc, ce Jay! Mais pas assez pour refuser l’offre du populaire webzine Urbania, qui l’a récemment ajouté au rang de ses chroniqueurs. «L’écriture m’a toujours intéressé, mais elle me sort de ma zone de confort. Quand j’ai publié mon premier texte, j’étais extrêmement nerveux. Sur scène, tout se passe dans le moment présent. Je peux facilement me reprendre, rattraper une blague qui a mal tourné. Mais, comme on dit, les écrits restent! Et avec les réseaux sociaux, de nos jours, j’ai l’impression que les gens sautent vite sur le gun… Suffit de placer une virgule de travers!» Le sujet de sa première chronique? La peur du jugement, justement. «Je suis quelqu’un qui suranalyse beaucoup et qui a tendance à vouloir toujours plaire. Si je n’offre pas une bonne performance sur scène, par exemple, ça peut m’habiter pendant longtemps. Je dois me répéter que ce n’est pas grave, et qu’il faut que j’apprenne à let it gooo!» chante-t-il en riant sur l’air de La Reine des neiges.

Animateur, comédien, chroniqueur… mais avant tout humoriste! Il ne s’en cache pas: la scène est sa priorité. «J’aime tellement jouer devant un public que si, demain matin, on me proposait cinq spectacles par semaine dans une salle de 200 personnes pour le restant de mes jours, je signerais sans hésiter, déclare-t-il, sérieux. Je savoure la position dans laquelle je suis présentement — alors qu’on m’offre de participer à une foule de projets différents, stimulants et qui m’aident à me faire connaître —, mais le stand-up, c’est vraiment ce que je veux faire dans la vie.»

D’ailleurs, celui qui a fait un malheur (dix-sept fois plutôt qu’une) seul devant son micro au dernier Zoofest et qui a rempli le Club Soda cet automne avec un one man show part en mini-tournée au Québec cet hiver. «Être sur scène ne me stresse pas… J’ai de plus en plus confiance en l’artiste que je suis. Je ne dis pas que c’est dans la poche, parce que c’est un travail d’amélioration constant, mais ce qui m’inquiète le plus c’est plutôt la vente de billets. C’est un risque — je ne sais pas si on m’aime à Saint-Hyacinthe! (rires) Est-ce que les gens sortiront vraiment de chez eux pour venir voir un humoriste pas très connu, qui ne sait pas trop ce qu’il fait? On verra bien.» C’est drôle, on dirait que nous, on n’est pas trop inquiets…

Pour connaître toutes les dates de la mini-tournée de Jay Du Temple, qui s’amorce ce mois-ci, visitez jaydutemple.com. Vous pouvez aussi le voir le lundi au bar Le Jockey, à Montréal, le mercredi au Mardi Gras, à Gatineau, ou le jeudi Chez Maurice, à Saint-Lazare.